Le second prix Women In Motion, proposĂ© par les Rencontres d’Arles et Kering, distingue Sabine Weiss, une jeune photographe de 96 ans au parcours remarquable. On la classe souvent parmi les « photographes humanistes » aux cĂ´tĂ©s de Doisneau, BrassaĂ¯ ou Ronis, mais elle n’aime pas Ăªtre mise dans une boite. Elle a touchĂ© au reportage, au portrait, Ă  la mode avec un talent Ă©gal, recherchant toujours l’atmosphère autour de son sujet, le rendant ainsi plus proche. Robert Doisneau dit Ă  propos des photographies de Weiss : « Les scènes, en apparence inoffensives, ont Ă©tĂ© inscrites avec une volontaire malice juste Ă  ce moment prĂ©cis de dĂ©sĂ©quilibre oĂ¹ ce qui est communĂ©ment admis se trouve remis en question. »

NĂ©e en 1924 Ă  Saint-Gingolph en Suisse, Sabine Weiss se dirige très jeune vers la photographie. Après un apprentissage de trois ans chez Paul Boissonnas Ă  Genève, elle devient en 1946 l’assistante de Willy Maywald, photographe allemand basĂ© Ă  Paris et spĂ©cialisĂ© dans la mode et les portraits. Au moment de son mariage avec le peintre amĂ©ricain Hugh Weiss en 1950, elle se lance comme photographe indĂ©pendante et frĂ©quente le milieu des artistes d’après-guerre. Le couple s’installe et travaille ensemble dans une maison-atelier près de la porte Molitor, Ă  Paris, oĂ¹ la photographe vit encore aujourd’hui. Par l’entremise de Robert Doisneau, vers 1952, Sabine Weiss est une des rares femmes Ă  rejoindre l’agence Rapho et son travail personnel est reconnu aux États-Unis. L’œuvre de Sabine Weiss est rattachĂ©e au mouvement dit « humaniste Â», qui se caractĂ©rise par la volontĂ© de rĂ©concilier l’espace public avec le corps humain. Elle montre dans ses clichĂ©s des femmes et des hommes dans leur quotidien, dans leur travail, dans leurs pensĂ©es. Ceci l’amène Ă  photographier de nombreux artistes hommes et femmes, peintres et sculpteurs mais aussi musiciens, Ă©crivains et comĂ©diens.

Elle est reprĂ©sentĂ©e dans les expositions Post-War European Photography (1953) et The Family of Man (1955) organisĂ©es au Museum of Modern Art de New York, et bĂ©nĂ©ficie d’une exposition personnelle Ă  l’Art Institute de Chicago (1954), avant que la Bibliothèque nationale de France ne montre ses Å“uvres au Salon national de la photographie en 1955, 1957 et 1961. Elle travaille de façon durable pour des revues comme Vogue, le New York Times Magazine, Life, Newsweek, Point de Vue- Images du Monde, Paris Match, Esquire, Holiday. Jusqu’aux annĂ©es 2000, Sabine Weiss n’a cessĂ© de travailler pour la presse illustrĂ©e française et internationale, mais aussi pour de nombreuses institutions et marques, enchaĂ®nant travaux de reportage, mode, publicitĂ©, portraits de personnalitĂ© et sujets de sociĂ©tĂ©.

En 2016 le Jeu de Paume lui consacre une rĂ©trospective au ChĂ¢teau de Tours et en 2018, l’exposition Les villes, la rue, l’autre est prĂ©sentĂ©e au Centre Pompidou. Sabine Weiss a fait don de ses archives au MusĂ©e de l’ElysĂ©e Ă  Lausanne qui seront conservĂ©es et valorisĂ©es dans le nouveau musĂ©e Ă  PLATEFORME 10, le nouveau quartier des arts de Lausanne, dès l’automne 2022.

Pour plus de détails, lire la page Wikipedia qui lui est consacrée, ainsi que son site.

En mars 2019, Kering et Les Rencontres d’Arles ont annoncĂ© leur partenariat et le lancement Ă  Arles du programme Women In Motion. Les deux partenaires ont ainsi crĂ©Ă© Ă  Arles le Prix Women In Motion pour la photographie, qui salue chaque annĂ©e la carrière d’une photographe remarquable. Ce prix est accompagnĂ© d’une dotation de 25 000 euros en acquisition d’œuvres de l’artiste laurĂ©ate pour la collection des Rencontres d’Arles. Le premier Prix Women In Motion pour la photographie a Ă©tĂ© dĂ©cernĂ© en 2019 Ă  la photographe amĂ©ricaine Susan Meiselas.