A vos kiosques, boites aux lettres et tablettes ! L’exposition très attendue de Gary Winogrand au Jeu de Paume à Paris fait la couverture du dernier numéro de Réponses Photo, le 272ème. C’est donc à la fois un numéro noir et blanc et un numéro sur la street photography. La quoi ? Sylvie explique cet anglicisme dans son édito :
Winogrand, Google et nous
Après le numéro du mois dernier où l’on prenait un grand bol d’air frais avec Vincent Munier et ses photos prises dans le grand nord, nous revenons ce mois-ci à des pratiques photographiques plus faciles à exercer : la prise de vue urbaine, et plus particulièrement la “street photography en noir & blanc”. Pourquoi cet anglicisme, allez-vous me dire ? Tout d’abord parce que ce terme s’est imposé dans l’histoire de la photo pour qualifier un courant photographique américain qui a choisi la “rue” comme terrain d’expression. Un des plus emblématiques représentants de ce courant fut certainement Garry Winogrand. L’actualité d’une grande exposition rétrospective au Jeu de Paume à Paris (jusqu’au 8 février 2015) nous offre l’occasion d’explorer en profondeur (et même jusqu’au labo argentique !) les soubassements de cette œuvre pléthorique, foisonnante, débordante et… tellement humaine ! Les 50 pages de ce dossier, vous allez le voir, sont autant esthétiques que pratiques, car l’héritage de Winogrand parlera directement à tous ceux qui multiplient, en numérique désormais, les prises de vue urbaines dans leur propre quotidien. Car, en 2014, la “street photography” a de nouveau le vent en poupe sur les réseaux sociaux et sur des sites Internet où se regroupent des auteurs qui partagent cette passion pour l’instantané volé dans la ville (voir notre article sur la communauté SVP en p.74), quitte à faire fi de ce droit à l’image qui nous freine trop souvent… Là encore, parmi ces nouveaux pratiquants, le nom anglais s’est imposé, alors tant pis pour “la photo de rue”, acceptons de parler de la “Street”…
Mais cette concession ne veut pas dire que nous acceptons tout de cette “modernité” numérique qui valide aussi certains excès et certaines postures qui nous semblent être parfois des impostures. Ainsi, en préparant ce dossier, je découvrais la déclaration d’un “photographe contemporain” se définissant comme “artiste”, qui affirmait que Google Street View était devenu aujourd’hui le seul vrai photographe de rue ! Selon lui, depuis que les voitures espionnes du géant américain sillonnent nos rues avec neuf appareils photo sur leur toit et qu’elles inventorient toutes les rues du monde entier, la pratique “humaine” et individuelle de la photographie de rue n’a plus aucun avenir, ni même aucun sens ! Et pour bien illustrer sa pensée, ce garçon nous expliquait comment lui et quelques autres artistes de la même veine travaillent au quotidien : ils ne sortent plus de chez eux, ils passent des heures à scruter les images fournies par Google Street View et leur travail “photographique créatif” consiste à sélectionner dans ce magma visuel les images qui leur semblent pertinentes pour s’intégrer dans leur propre projet. Que penser de cette démarche ? Franchement pas grand-chose… Que ces auteurs pratiquent ainsi, c’est leur choix, et on peut le respecter. Mais qu’ils assoient leur autorité artistique sur un mépris pour tous ceux qui vont encore au charbon, sur le macadam, avec un appareil sur l’épaule, qui bravent les interdits, les climats et les visages inamicaux, voilà qui est assez énervant. Alors, pour oublier Google, ses espions et ses acolytes, on se replonge dans l’œuvre de Winogrand et on reprend une bouffée de plaisir, d’humanisme et d’intelligence…
Le sommaire du numéro (cliquez sur les pages pour les agrandir) :
Et un petit panorama de ce numéro passionnant :
Winogrand n’était vraiment pas le meilleur photographe pour cette série de Street. On trouve pas mal de mauvaises photos dans sa production énorme (photographies sans grand intérêt parmi ses Street). On tombe donc vite dans le panneau : la preuve avec ce numéro qui révèle quelques clichés que nous-mêmes, en tant qu’artistes photographes, nous n’oserions pas montrer (au moins trois ou quatre photographies dans le RP) ! Bien entendu quelques belles réussites.
Mais comme c’est Winogrand, on montre et on n’ose pas dire que parfois, c’est franchement mauvais.
Bonjour
J,ai téléchargé ce numéro sur mon iPad
Impossible de l’ouvrir…
A qui dois je le signaler ,
Merci