C’est une découverte qui fait la une de Réponses Photo ce mois-ci. Vivian Maier passe du jour au lendemain du statut d’inconnue à celui de classique de la photographie. Cette histoire incroyable accompagne un portfolio étonnant.
Ce numéro rentre dans les traditionnels « spécial noir et blanc », avec en parallèle un gros dossier thématique autour du contraste en noir et blanc. C’est le grand maestro du monochrome, Philippe Bachelier, qui a orchestré ce dossier au côté de Jean-Christophe Béchet. De belles images, du pratique, de l’argentique, du numérique, bref, une lecture indispensable (je sais, je dis ça chaque mois…).
Voici donc comme chaque mois le sommaire et quelques doubles, ainsi que l’édito de Sylvie qui en dit un peu plus sur cette découverte de Vivian Maier.
Les “bons”, les “grands”
Un jour, sur un Salon de la photo, un lecteur me pose une question bien embarrassante : quelle est la différence entre un “bon” photographe et un “grand” photographe ? À brûle-pourpoint, je n’ai pas su quoi répondre… Par la suite, j’ai bien trouvé quelques pistes de réflexion possibles. Mais rien de bien satisfaisant. Car cela revient à se demander : pourquoi tel auteur est-il mondialement connu alors que tel autre n’est apprécié que d’un public limité ? Est-ce le seul talent qui fait la différence ? Le travail ? L’opiniâtreté ? La chance ? Le carnet d’adresses ? La fortune personnelle ? L’intelligence ? La stratégie ? Le besoin de reconnaissance ? Sans doute un peu de tout cela… Chaque cas est bien sûr unique, et il serait absurde de tirer des conclusions définitives de certaines trajectoires avant tout humaines, donc singulières. Dans certaines disciplines, je pense au cinéma, à la chanson, voire à la littérature, la médiatisation de l’auteur est sans doute devenu un critère crucial. Tout comme son physique. De par sa confidentialité médiatique, la photographie est préservée de ce star-system superficiel. Toutefois, le marché de l’art crée aussi ses propres valeurs, parfois incompréhensibles, pour justifier son fonctionnement et l’on voit surgir des photographes-stars qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus…
Cette question de la notoriété, et de la reconnaissance d’un style, voire d’une œuvre, est mise en lumière par notre grand portfolio du mois. Il est consacré à Vivian Maier, une “nurse” américaine décédée en 2009 et qui, de son vivant, n’a jamais été exposée, publiée ou célébrée. Aujourd’hui, les images de cette complète inconnue sont vendues en galerie, les grands musées proposent des rétrospectives de son travail et un village français a créé une manifestation autour de son nom ! C’est cette incroyable aventure que nous vous racontons dans ce numéro. Avec, au-delà des anecdotes, cette réflexion sur la photographie qui semble, à l’instar du bon vin, prendre plus de saveur avec le recul du temps. Pourquoi Vivian Maier est-elle restée ainsi dans l’ombre, totalement inconnue ? Fustiger les spécialistes de l’époque, les institutions, l’entourage… n’a pas grand sens. Vivian Maier n’a apparemment rien fait pour se faire connaître. Par timidité ? Par manque de temps ? De moyens ? Ou tout simplement par manque d’ambition ? Son bonheur était peut-être dans le seul plaisir de se promener et de saisir des instantanés de vie avec son Rolleiflex. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus imaginer qu’une pratique artistique puisse se développer juste pour soi, dans l’intimité de son univers, avec pour seul guide le plaisir. L’exemple de Vivian Maier est donc riche d’enseignements. À chacun d’en tirer les conclusions qui lui semblent les plus pertinentes. Son “cas” nous parle autant de la photographie des années 50, que de notre époque et de son intérêt pour le passé. Certains s’offusqueront de cet engouement actuel pour une photographe “amateur” morte dans l’anonymat et la pauvreté. D’autres trouveront cet hommage parfaitement légitime. Le fait est que Vivian Maier est déjà un mythe. En attendant (sans impatience…) qu’Hollywood en fasse un film, je continue à rêver sur les zones d’ombre qui entourent sa vie. Et qu’importe que Vivian Maier soit une “bonne” photographe ou une “grande” photographe, l’essentiel demeure que ses photographies nous parlent et nous passionnent plus de 50 ans après…
Sommaire
(cliquez sur le sommaire pour l’agrandir)
Quelques pages
Chouette numéro comme à l’habitude, mais une petite déception personnelle : pour m’être mis au développement argentique récemment, j’attendais avec impatience l’article consacré au « scan avec un reflex » pour les négatifs… hélas repoussé au prochain numéro, si j’ai bien suivi. Vivement le mois suivant!
Excellent numéro, encore une fois. Il semble qu’une erreur de mise en page se soit glissée dans le portfolio de Gilbert Scotti: à la place de la photo d' »Alain », on se retrouve avec une publicité pour efet.
J’en profite pour vous dire combien j’apprécie la rubrique « un classique analysé ». C’est pour moi un exemple typique de ce qui vous démarque du reste de la concurrence.
J’ai apprécie l’édito de Sylvie sur Vivian Mayer. Cette dernière n’était pas connue de son temps et elle pourtant avait un grand talent (il suffit de découvrir ses photographies). Cette réflexion est très intéressante, car elle a le mérite de mettre le doigt sur une réflexion capitale et dont on parle peu. Pourquoi Vivian Mayer n’était-elle pas connue de son temps ? Personne ne peut répondre, mais une chose est certaine en 2013. Les choses n’ont pas vraiment changé. Il y a aujourd’hui de nombreux photographes connus qui ont un immense talent comme il y a pas mal de photographes qui ont des relations, qui savent se vendre et qui sont donc relativement connus alors que ces derniers n’ont que des oeuvres insignifiantes (voire parfois médiocres à proposer). Cruauté de la sélection toujours aléatoire en fonction des personnes rencontrées, des hasards, des moments et des lieux. Personne n’échappe à cette situation. Plus triste est de voir aujourd’hui des photographes très talentueux comme Vivian Mayer et que personne n’a découverts et ce pour des raisons multiples. Le travail de Vivian Mayer m’a vraiment touché. En fait Sylvie s’étonne de la situation, mais aujourd’hui, en 2013, l’histoire se répète, car nous connaissons tous de remarquables photographes (parfois bien plus remarquables que certains photographes relativement connus) qui resteront dans l’ombre. Que d’expositions vues aujourd’hui et qui n’auraient jamais dû exister (nous aurions mieux fait de rester chez nous) ! Que de photographes connus et qui, parce qu’ils sont connus, ont définitivement reçu le label de qualité (je songe notamment à Plossu : fallait voir sa médiocre exposition sur Charleroi avalisée par les médias, car c’est du Plossu !). Que de photographes talentueux méritant comme Vivian Mayer d’être connus de leur vivant et non après leur mort. Réflexion très complexe donc et aujourd’hui d’autant plus complexe que les galeristes s’y mettent pour compliquer la donne : ces derniers mettant souvent en avant ce qui est « bankable », que ce soit bon ou mauvais. Et donc que d’expositions (vues dans les galeries) d’artistes « vendables », mais tellement insignifiants. Tout cela mériterait un numéro spécial dans RP…
Bonjour,
En page 112 de ce nouveau numéro, on (je ne sais pas qui) commente largement et de manière enthousiaste sur les améliorations de performances apportées par la version 2.0 du firmware du Fuji X100 « qui vient d’être mise en ligne ». À ce détail près que ce nouveau firmware n’est toujours pas dispo à la date où j’écris ces lignes et que je ne connais personne qui ait pu le tester. Ça, ce n’est pas de l’info, c’est de la recopie de dossier de presse. Je ne suis pas abonné pour ça. La vraie info, c’est « on attend la mise en ligne prochaine d’un nouveau firmware qui devrait, selon les dires de Fuji, améliorer… ». De plus, ça éviterait aux lecteurs de chercher bêtement pendant un bon moment quelque chose qui n’existe pas. Le genre de truc qui énerve car ça prouve que certains « journalistes » donnent des infos qu’ils n’ont pas vérifiées. Le mal du siècle dans la presse… Comment avoir confiance?
@Samoreen : si vous avez écumé internet, comme moi, vous aurez aussi constaté que la sortie de ce nouveau firmware avait été annoncée de manière ferme par Fuji, pour le 10 septembre, et reportée au dernier moment !
Je ne vois pas où la « faute » serait à imputer à qui que ce soit d’autre que Fuji.. (un journal étant bouclé avant sa sortie) dont il faut tout de même apprécier la loyauté vis-à-vis d’acheteurs d’un ancien modèle.
J’attends comme vous avec impatience..
@christian B
Avez-vous lu l’article en question dans RP ? Il est écrit comme si l’auteur avait effectivement constaté et vérifié les améliorations liées à ce firmware dont la sortie reste pour le moment hypothétique (on a déjà vu des annonces non suivies d’effet). Il encense Fuji pour quelque chose qu’ils n’ont pas encore fait (si ça se trouve, ils ont découvert un pb rédhibitoire de dernière minute qui empêchera la sortie du dit firmware). Si l’info n’est pas disponible ou pas vérifiée, on ne la publie pas. Le travail d’un journaliste sérieux est de vérifier les infos qu’il donne. Sinon on peut s’abonner directement au service presse des fabricants. Si le fabricant annonce « on va faire » et si le journaliste écrit « on peut déjà faire », il y a un souci. Dans ce cas, ce n’est plus du journalisme mais de la voyance. Je reproche donc à l’auteur de cet article d’avoir diffusé des informations dont il laisse supposer qu’elles sont réelles alors qu’il ne les a pas vérifiées et qu’il se base sur ce qu’a annoncé un fabricant sur ses intentions. Je ne suis pas particulièrement impatient mais je regrette d’avoir passé du temps à chercher quelque chose qui n’existe pas encore.
Mon cher M. Leclercq, figurez-vous qu’il y a (horribile dictu) des personnes qui admirent et aiment le travail de Bernard Plossu, et qui sont plus touchés par ses images que par les vôtres. Des dépravés ou des idiots, certainement…
@samoreen : ça y est ! Il est là notre nouveau firmware pour Fuji x100
http://www.fujifilm.com/support/digital_cameras/software/firmware/x/finepix_x100/download.html