Bon, on va faire comme tout le monde : voici la une du jour de Libération s’élevant contre la « censure » de l’exposition du photographe Larry Clark — entendez l’interdiction aux mineurs de l’expo du Musée d’Art Moderne. Du coup — l’expo ouvre demain, mais l’interdiction était déjà connue depuis plusieurs semaines — Libé met en une la photo la plus connue de Larry Clark de sa série Teenage Lust. Photo en général affublée du qualificatif « érotique » dans le buzz médiatique qui s’est emballé toute la journée. Et il s’est emballé ! Reprises dans tous les médias, déclaration de tout homme politique qui se respecte, droits de réponse… et on parle autant de la une de Libé que de l’expo, beau coup de pub pour tout le monde. La ville de Paris, dont dépend le MAM (non, pas la Ministre de la Justice, suivez un peu…), communiquant aux médias des copies des photos incriminées, plus explicites que celle choisie par Libé — que je trouve fort belle au demeurant — et reprochant entre les lignes à Libé de ne pas avoir eu les coui le courage de les montrer, justement pour ne pas tomber sous le coup de la loi qui explique l’interdiction de l’expo aux mineurs.
Bref, tout ça est finalement assez rigolo, une fois qu’on a constaté à nouveau un certain décalage entre évolution des mœurs et le cadre législatif, observé les parapluies qui se lèvent dès qu’il faut prendre une décision un tant soit peu polémique, et déploré le puritanisme ambiant. Il ne faudrait pas que cela occulte le travail de Larry Clark qui, tout au long de sa carrière, s’est intéressé à cette période de l’adolescence, en la photographiant avec un réalisme très cru. Difficile maintenant de regarder sereinement cette expo avec tout ce foin en arrière plan. Je ne l’ai pas vue, mais ai eu l’occasion de voir d’autres expos de Clark et de regarder ses livres (Teenage Lust est épuisé), et ce travail est à vraiment à découvrir.
Une rencontre avec Larry Clark se tiendra demain vendredi 8 octobre à 18h au MAM, « entrée libre dans la limite des places disponibles »… Il déplore que les adolescents de 16 ou 17 ans soient privés de l’accès à des photographies dans lesquelles ils sont susceptibles de se retrouver (… ou pas parce que le milieu skateurs auquel est attaché Clark est quand même un peu extrème).
Et pour savoir de quoi on parle, quelques images de Teenage Lust : là, là ou là (ne cliquez que si vous avez plus de 18 ans, avec tout ça on ne sait plus très bien où on en est… si vous êtes mineur cliquez plutôt là). Il y a bien un site officiel du photographe, mais il est affiché en construction, et le seul lien qui fonctionne vers son projet en cours « Savage Innocent » arrive sur une page… truffée de liens pornographiques.
Beaucoup de bruit pour pas grand chose ! Car enfin, si ouvrir cette expo aux ados ne serait sans doute pas très grave, leur interdire ne l’est pas non plus… (je ne suis pas sûr qu’il soit très utile de présenter impatiemment à des gosses de 16 ans, une photo intitulée « They met a girl on Acid in Bryant Park at 6 AM and took her Home…» et figurant un adolescent faire la queue 😉 pour attendre de ‘prendre’ une fille déjà ‘prise’ par le premier d’entre eux..).
La vanité des artistes doit avoir une limite qu’il ne leur appartient pas de tracer eux-mêmes et il faut admettre qu’un contrôle doive exister, ce qui postule l’exercice d’une certaine autorité (ou alors on renonce à comprendre l’impact des ‘modèles’ sur l’esprit des jeunes et à lutter contre les ‘tournantes’, la violence faite aux femmes, la marchandisation de l’être humain, la perte de sens dans nos sociétés..) ; contester continuellement les choix faits par cette autorité est un ‘tic’ qui galvaude l’idée de liberté ; cela s’appelle le libertarisme (made in US) et c’est une escroquerie conceptuelle (relire JJ Rousseau, dans le texte, ferait du bien à beaucoup..).
J’ai à peine fini ma ‘bafouille’ que je découvre sur le blog de ‘Marianne’ (ok… cette lecture n’est pas très sexy..) un texte qui dit mieux ce que je tentais de dire :
http://www.marianne2.fr/Exposition-de-Larry-Clark-le-salut-grace-a-l-interdit_a198259.html
La première question à se poser, c’est: A-t-on le droit de se cacher derrière la sacro-sainte « évolution des meurs » pour petit à petit légaliser des choses qui jusqu’alors sont considérés comme immoraux ?…
Faire évoluer les meurs, est une bonne chose (elle est même parfois indispensable), mais jusqu’où aller ?
Prenons un exemple tout simple : A l’époque de nos parents, quand les gens se mariaient, c’était « sincèrement » pour la vie… Aujourd’hui, avec l’évolution des meurs, les gens se marient en pensant déjà à leur prochaine conquête, puis-ce que c’est devenu normal de tromper son conjoint, et de divorcer à la moindre dispute pour savoir si on va regarder le foot ou le film à la télé.
Finalement, à votre avis, quel est le plus heureux des couples ?
Partant de ce constat, la vraie question concernant cette expo, c’est :
1- A partir que quand parle-t-on de photo d’art, et à partir de quand parle-t-on de pédophilie (car il me semble que bon nombre de modèles sont mineurs…) ?
Zut… Pas « immoraux », mais immorales ;-P
Je ne suis pas certain qu’on attente vraiment aux droits de l’homme et à la démocratie en interdisant ce genre d’expos aux mineurs. Mais il est vrai qu’il est interdit d’interdire… Et cela illustre la propension de certains journalistes à mettre en exergue des sujets dont 99,9% de la population, y compris peut-être celle des amateurs de photographie, se moquent éperdument. Il n’y avait pas donc d’autres sujets de « Une », ce jour-là?
Petit ajout, Larry Clark déplore qu’on interdise, je cite, à des « jeunes de venir et se reconnaître ». Je voudrais connaître la proportion de djeuns qui se reconnaissent effectivement dans ces photos…
Chouette 6 messages (pour 3 auteurs..) où on est d’accord !
… tous les autres sont sans doute à l’expo Larry Clark (-;)
Quelle affaire, mais quelle affaire… pour un photographe qui n’a pas de réelle vision artistique !!!