Il est arrivé aujourd’hui chez les marchands de journaux, dans les boites aux lettres, sur les tablettes… Réponses Photo numéro 266 propose comme d’hab un sommaire riche et varié. Deux gros dossiers en couverture : un dossier pratique de 30 pages sur les subtilités de l’impression et du scan. Deux thématiques incontournables, un peu rébarbatives sur les bords, mais qu’il est indispensable de maîtriser. Parce qu’au final, la meilleure expression d’une photographie reste un tirage papier, comme l’argumente Sylvie Hugues dans son édito à lire plus bas.
J’ai eu le plaisir d’avoir en main le Sony alpha 7 lors d’un voyage le long des côtes norvégiennes, et je vous livre mes impressions dans ce numéro. Comme je vous promets de vous montrer quelques images supplémentaires à celles publiées, elles feront l’objet de l’article suivant, et le même traitement sera appliqué aux liens de la page « vu sur le net » comme c’est maintenant la coutume, pour retrouver les sites dont je parle avec plus de facilité.
Bonne lecture de ce numéro, et voici l’édito en avant-première
Indémodable papier
Aujourd’hui, les images sont partout ! Capturées à tout moment, elles circulent à toute vitesse, se partagent instinctivement et se visionnent à 99 % sur un écran. Pas de doute, cette facilité est bien pratique. Récemment, je demandais à une amie de me montrer des photos récentes de son fils, elle me tendit son smartphone et fit instantanément défiler des dizaines d’images, très craquantes au demeurant… mais qu’en restera-t-il dans vingt ou trente ans ? Tous ces fichiers, au mieux stockés sur des disques durs, croyez-vous vraiment que vos enfants et petits-enfants auront envie d’aller fouiller dans le Cloud ou ailleurs, pour les retrouver ? D’abord, tout le monde aura oublié le mot de passe pour y accéder. Ensuite, quand bien même l’auteur des images aura pris la précaution d’effectuer les sauvegardes dans les nouveaux systèmes qui n’auront pas manqué d’apparaître sur le marché “pour faciliter la vie du photographe”, qui aura envie de se plonger dans les milliers de fichiers pas forcément bien indexés, ni correctement classés ?
Stocker sans archiver ni sélectionner n’a pas de sens. Cela revient à jeter… Le scanner comme l’impression sur papier sont deux moyens de conserver et de donner vie à des images qui risquent autrement de disparaître. Un article du Monde paru le 11 mars affirmait, au sujet de l’exposition “Capa en couleur” qui se tient actuellement à l’ICP à New York, que 4 000 diapos couleur étaient restées dans l’ombre pendant plus d’un demi-siècle faute de moyens techniques permettant leur restauration. Incroyable, non ? Robert Capa, comme de nombreux reporters de l’époque, avait deux boîtiers sur lui et doublait ses sujets pour la presse en n & b et en couleur. Il a ainsi photographié en couleur des événements historiques mais aussi des personnalités comme Picasso pour le magazine Look en 1948. Irving Penn a, quant à lui, photographié Picasso en 1957. Cet immense photographe avait un grand souci du tirage qu’il effectuait lui-même avec beaucoup de soin en expérimentant différents types de procédés. Son portrait du peintre est passé à la postérité et est devenu une icône. Il est en couverture de ce numéro et sera exposé au Palazzo Grassi à Venise. Entre les diapos de Capa, aujourd’hui récupérables, et les somptueux tirages papier d’Irving Penn, il y a l’essence de ce médium qui est à la fois document et œuvre d’art.
Face aux milliards d’images volatiles et jetables qui nous enveloppent telles des ondes, nous pouvons affirmer qu’une image qui n’est pas imprimée n’existe pas vraiment. Elle est en état de latence. Quelles sont ses vraies couleurs, ses véritables densités ? Celles que l’écran reproduit ? En imprimant une image, l’auteur fait des choix artistiques et assure à son image une matérialité qui est gage de conservation et de transmission. Elle devient “photo”. C’est pourquoi je suis toujours surprise de constater que des photographes rechignent à s’équiper d’une “bonne” imprimante qualité photo alors qu’ils dépensent des sommes importantes en boîtiers et objectifs. Le risque est qu’il n’arrive aux imprimantes photo “expertes” ce qui est arrivé aux scanners depuis que Nikon a arrêté la fabrication des Coolscan : le choix entre des modèles “limités” et des haut de gamme inabordables. Faire des images c’est bien, mais l’essentiel n’est-il pas de les montrer et de les transmettre sur ce support indémodable qui reste (et restera !) le plus noble : le papier.
Sylvie Hugues
Le sommaire
(cliquez sur les pages pour les agrandir)
Quelques pages à feuilleter
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Sylvie,
J’ai bien un scanner de film Nikon que j’ai trouvé à 500€ sur eBay pour numériser mes diapos. J’ai gardé un vieux portable avec la connectique FireWire 800 pour connecter la bête. J’ai fait réaliser un profil sur mesure… du bonheur.
Mais je n’ai aucune imprimante. J’ai longtemps hésité. J’ai appris l’usage des profils, l’épreuvage numérique (soft-proofing) sur écran calibré. J’ai dévoré le livre sur l’accentuation de mon maître de papier Bruce Fraser. Et puis j’ai regardé sortir les impressions dans un labo qui louait l’accès à ses imprimantes. C’était beau, mais l’imprimante n’avait pas besoin de moi. Tout le travail était fait en amont. Comme le rappelle Fraser, l’accentuation pour la sortie dépend du type d’impression. Ça ne change jamais pour une imprimante donnée. Depuis l’ouverture de Picto online, j’imprime sur leurs imprimantes. Au début, j’ai fait des tests pour caler parfaitement mes réglages : la même image sur différents papiers, jet d’encre et lambda, puis des morceaux d’images répétées avec des niveaux d’accentuations différents. Maintenant, je n’ai qu’à déclencher un script pour que le fichier soit automatiquement prêt à être imprimé chez eux. J’upload sur leur serveur et quelques jours plus tard, voilà mes images chez moi.
Il me semble que ce qui coûte le plus, c’est l’encre pigmentaire et le beau papier. Du coup, avoir une imprimante chez moi, outre l’encombrement, les buses bouchées et l’obsolescence, ne serait pas nécessairement moins cher.
Tout cela pour vous dire, Sylvie, qu’on peut ne pas avoir d’imprimante chez soi et pourtant imprimer des images soi-même sans se déplacer. Que l’imprimante soit branchées directement à votre machine ou qu’elle soit ailleurs sur le réseau, il ne me semble pas que cela change grand-chose.
Merci pour vos éditos,
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SirDeck
Le tirage photo en chambre noir me manque, comme beaucoup je présume, mais le numérique à quand même l’énorme avantage de savoir instantanément si la photo est bonne, ou non… Scanné ne ma jamais réussit par contre, toujours une poussière qui vient jouer les trouble-fête 😉