On a beau lire les articles ou regarder les JT ou les vidéos de YouTube, je trouve que ce sont les photographies qui font le mieux prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe japonaise.
Voir en particulier :
The Big Picture de Boston.com, comme souvent avec une des meilleures sélections : 11 Mars, 13 Mars
Pas mal de duplication avec la sélection du Big Picture, mais quelques autres images fortes : The Atlantic : 11 Mars, 13 Mars, BBC News, The Globe and Mail.
Des vues de Google Earth avant / après
D’autres liens intéressants ? Indiquez les dans les commentaires.
Les catastrophes sont photogéniques…pour le reprendre une formule déjà bien connue… »le poids des mots, le choc des photos »…
quelle est la frontière entre information / témoignage et voyeurisme? Il est évident que dans des situations extrêmes l’information est nécessaire, et quel meilleur moyen que la photo pour restituer « le choc » de l’événement. Oui les catastrophes sont photogéniques par le seul fait de leur aspect inattendu, brutal, extrême. Ce sont des situations inédites où la conscience humaine ne s’est jamais projeté, mis à part dans des films « catastrophe » où on sait pertinemment que ce n’est pas réel. Tandis que là, ça l’est, « RÉEL », et c’est cette objectivité brutale et crue offerte par la Nature elle même qui nous ramène à notre place de simple humain et la fragilité de notre existence. la photogénie des catastrophes vient du fait que toute subjectivité dont puisse faire preuve n’importe quel photographe, l’extrémité atteinte par la situation la surpasse et la rend insignifiante.
je pense qu’il n’y a que dans ce genre de situations que la fameuse « objectivité » recherchée par tant de photo reporters est obtenue, car elle s’impose d’elle même par sa force et relègue le photographe au simple rôle de capteur, support de mémorisation et transmission de l’information.
La photogénie que nous accordons à ces catastrophes vient aussi, et là il n’est plus question de photographe mais de comportement humain, de notre capacité à être dans une certaine mesure des « voyeurs », « friands » de l’expression des sentiments les plus violents et de la souffrance d’autrui. notre curiosité malsaine profonde nous pousse à rechercher à ressentir par procuration des « sensations fortes » tout en sachant que nous ne seront pas exposés au danger, le complexe de l’aventurier extrême derrière son écran de télévision. C’est aussi cette aptitude de l’espèce humaine qui nous permet « d’apprécier », ou pour ceux qui trouveraient le terme « choquant », trouver de la photogénie dans ces situations catastrophiques. Est-ce mal? peut-être pas cela participe dans le même temps au sentiment d’empathie qui nous pousse à être solidaires envers nos semblables et mobiliser des ressources pour essayer de changer les choses…
Mais attention à la récupération idéologique qui est toujours faite par certains groupes à des fins bien orientées lors de tels événements, mais là c’est un autre débat….
Intéressant, voire amusant ce débat ; cela me rappelle une nouvelle de Bernard Quiriny intitulée ‘marées noires’ (« Contes carnivores », page 75 Points n°2480; 6,-€) où je pèche cette phrase :
« je compris que j’avais adopté l’art poétique des connaisseurs de marée noire dans toute sa radicalité Ce fut sans nul doute un triste événement, un très triste événement ; mais, quant à nous, n’y pouvons rien. Dès lors, tirons le meilleur parti possible d’une mauvaise affaire ; et, comme il est impossible, fût-ce en la battant sur l’enclume, d’en rien tirer qui puisse servir une fin morale, traitons-la esthétiquement et voyons si de la sorte elle deviendra profitable. »
Je dirais même « l’Enfer est le Paradis des journalistes » ! mais l’important c’est d’informer et d’être informé.
A propos de ces intéressantes questions (les rapports entre le photojournalisme et l’éthique ; ou plus cruellement, la question du degré d’humanité d’un photojournaliste) :
http://geeko.lesoir.be/2011/04/11/brouhaha-autour-dune-photo-de-la-tragedie-haitienne/