Une semaine silencieuse sur ce blog —heureusement que les photoblogueurs continuent sans relâche à publier leurs photos floues— pour cause de quasi-overdose photographique. Le week-end dernier se tenaient en la charmante bourgade de Lamotte Beuvron (pays des sœurs Tatin de la tarte du même nom), les Championnats de France de Horseball. Ayant le plaisir d’y voir mon fils jouer, je photographie l’évènement depuis quelques années et, de fil en aiguille, ai monté un site dédié aux photos de horse ball : www.horseball.fr.
L’évènement est d’envergure : 160 équipes engagées, 900 cavaliers entre 5 et 18 ans, et autant de montures, 283 matchs disputés en 3 jours sur 7 terrains simultanément. Je photographie avant tout les matchs du club de Chambly dans lequel joue mon fils, mais également d’autres clubs d’Ile de France rencontrés régulièrement au cours de l’année ou autre connaissances, et puis d’autres, au hasard des matchs. Bilan du week-end : 2578 photos. Qu’il faut ensuite traiter et mettre en ligne à un rythme stakhanoviste.
Pour ceux que cela intéresse, un détail du workflow pour traiter toutes ces images et les mette en ligne.
Prise de vue
Nikon D200 (et quelques-unes avec le D70 —à vendre 500€ boitier nu, si vous êtes intéressé faites signe !—), avec deux objectifs : le 24-85mm 2.8-4 D, et le 80-200mm 2.8 D. A vrai dire pas idéal car la focale charnière tombe juste au mileu : comme la meilleure place est à une extrémité du terrain près du but, il faudrait passer du grand angle au télé très facilement. C’est le 80-200 que j’ai le plus souvent utilisé.
Le réglage de l’image est personnalisé (un de mes 4 réglages mémorisés sur le Nikon pour le réutiliser au long de l’année) :
- photos en JPG : moins encombrant que le RAW, et le but n’étant pas de les retravailler beaucoup ensuite
- compression JPG : normal. Par acquis de conscience, j’ai pris certains matchs à la qualité fine : on voit la différence à l’écran si on pousse l’agrandissement à 300%, mais en contrepartie, la taille du fichier double. Conclusion : fine n’est pas vraiment indispensable dans ce contexte.
- taille de l’image : 10 M (3872 x 2592) pixels pour les matchs « importants » sur lesquels j’aurais potentiellement des tirages à faire, et version 6 M (2896 x 1944) pour les photos qui ne seront a priori exploitées que sur le web. Les recadrages sont donc confortables.
- Optimisation d’image personnalisée : netteté renforcée +2 (ce qui évite de le faire au post-traitement, et donne de bons résultats), saturation élevée (plus flatteur avec les maillots colorés, bien que parfois un peu violent par forte lumière sur les robes des chevaux pour peu que la photo soit un peu sous-ex)
- ISO : 280, variant entre 200 et 400 selon les conditions de lumière
- Ouverture : 5,6 donnant un arrière-plan flou, tout en préservant un peu de marge de sécurité
- Vitesse : minimum de 500/s, sauf pour les flous par filé où il faut être au 60/s ou 100/s
- Autofocus : continu, mode AF dynamique groupé (zone large). Il est en général calé sur le haut de l’image (surtout par mesure psychologique : je me suis aperçu que je calais instinctivement l’indicateur de l’autofocus sur le cavalier et, si l’autofocus était centré, je coupais le cheval alors que j’avais de la marge en haut de l’image.
- Mesure de la lumière : matricielle, passage en spot si fort contrejour. J’ai fait une série en manuel pour jouer au vrai photographe : toutes foirées. Une des difficultés est la mauvaise évaluation sur l’écran de contrôle à cause de la forte luminosité : il ne faut pas lui faire confiance (malgré sa qualité).
- Balance des blancs : manuelle, fixée à 5300 K (et éventuelle variation au cours de la journée). C’est bien mieux qu’en automatique, car la température de couleur reste constante d’une photo à l’autre. En automatique, elle peut être trompée par la nature du sujet photographié (par exemple un grand à-plat de bleu comme le boudin protecteur dans la photo ci-dessus).
Le tout donne un taux de réussite très satisfaisant, très peu de déchet « techniques ». Seul problème : la batterie était en bout de souffle en fin de journée, et m’a planté le dernier jour. J’avais le chargeur sous la main et l’ai branché le temps d’une recharge (rapide). J’avais mon D70 sous la main, heureusement. Notons au passage que NIkon a stupidement abandonné un truc génial du D70 : le porte-piles de secours, qui abrite 3 piles du commerce et garantit donc l’absence de ce genre d’incident. En voyage, ou dans ce type de circonstance, on n’a pas toujours une prise sous la main. Si j’ai bien compris, cette disparition est justifiée par la présence sur les batteries Nikon de puces électroniques empêchant la contrefaçon (ou simplement l’usage d’une autre marque). Comment gâcher une bonne idée…
Transfert
Pour transférer les photos sur mon Powerbook (là, ça devient Mac, désolé pour les autres), j’utilise le lecteur de cartes firewire Lexar (beaucoup plus rapide que l’USB), et Transfert d’images (beaucoup plus rapide que Picture Transfert de Nikon). Je mets toutes les photos dans un même dossier, que je visualise avec Adobe Bridge simplement pour trier les photos par date de prise de vue (si j’ai pris des photos avec 2 appareils, et que je n’ai pas oublié de synchroniser l’heure hum! ), renommer les photos sous la forme HB060605-212 (horseball 5 juin 2006, photo 212), et éventuellement entrer des informations dans les champs IPTC (copyright, lieu, etc.). Ces photos sont maintenant mes originaux, que je grave sur un DVD.
Ensuite, j’importe ces photos dans iPhoto. Certes, je pourrais directement importer dans iPhoto depuis la carte, mais je préfère passer par l’étape précédente pour disposer d’originaux à un autre endroit de mon disque dur, et les avoir renommées et archivées. Quand l’importation dans iPhoto est faite, je considère que je peux effacer mes cartes mémoire.
Traitement
Dans iPhoto, je crèe un album par match (le plus long c’est de retrouver quelle est cette équipe en maillot bleu et blanc…), et j’attribue des mots-clefs (catégorie, division, équipes), qui serviront automatiquement de légende sur le site web. Je vais garder certains matchs comme une galerie séparée, et fusionner le reste de la catégorie dans un seul album. Dans iPhoto, les albums se multiplient facilement.
Ensuite, editing album par album. Je fais ça toujours dans iPhoto, qui est efficace pour une retouche rapide (redressement éventuel, recadrage, équilibre de l’histogramme). Si la photo demande une intervention plus fine (éclaircir les tonalités médianes), la commande « ouvrir avec un éditeur externe » lance Photoshop. j’essaie d’éviter car ça prend du temps, mais ça arrive. En même temps, j’attribue une étoile aux photos qui seront présentée sur le site.
Je les sélectionne et lance Galerie. Galerie, un logiciel gratuit de la société Myriad (connue pour ses soft de musique Harmony Assitant) automatise le processus de création d’une galerie photo à partir d’une sélection d’images dans iPhoto et autres gestionnaires d’images type iView. On peut tout paramétrer de façon très fine, et utiliser des modèles proposés sur leur site ou utiliser son propre modèle. Le mien est spécialement conçu pour mon site, avec mes logos et ma mise en page, mon code pour les statistiques Google Analytics, une fonction diaporama, etc. Galerie propose une fonction de commentaires, très populaire auprès de mes visiteurs.
Je crèe donc une série de galeries par match, avec une page d’index par catégorie (minimes, benjamins…) générée elle aussi par Galerie. Je fais l’envoi sur le serveur par Cyberduck, mais je pourrais aussi bien le gérer directement dans Galerie.
Devant la pression de mes visiteurs, pressés de voir des photos, j’ai fait une première galerie « en vrac », sélectionnant une variété d’équipes sur des photos qui pouvaient être publiées sans retouche ou recadrage. Pour faire patienrer (et monter la pression !), j’ai mis en ligne un sondage permettant de voter sur l’ordre de mise en ligne des catégories. L’outil est disponible gratuitement via www.service-webmaster.fr, et facile à mettre en œuvre (un vote par visiteur et par jour).
Une semaine plus tard, il reste encore quelques galeries à publier… Il serait sans doute possible d’optimiser ce workflow à condition de ne pas retoucher les images individuellement. Je suis certain que cela « passerait » sans problème, vu la qualité de sortie du D200, mais le petit calage de densité, ou recadrage léger donne un pep’s aux images dont il serait dommage de se priver.
Tout ça pour des photos ! et en plus avec des cheveaux ! Et quand est-ce que l’on peut dormir ;-))
super interressant cet article…..et tres instructif…moi, je viens de faire le reportage d’un spectacle de danse…j’ai opté pour le format raw, afin de pouvoir gerer la balance desz blancs sans pbl, et je ne le regrette pas…c’est vrai que les fichiers sont + lourd, mais j’ai opté pour une xdriveIII de 80 giga et 2 cartes mémoires..résultat, + de 500 photos durant le spectacle….tout cela à traiter (avec rawshooter essential, tres bien et gratuit!) et à mettre en ligne dans la semaine…le format raw est quand même ultra souple et j’ai vraiment du mal à m’en passer..
merci pour ce genre d’article vraiment interressant….
Très intéressant, c’est toujours sympa de prendre connaissance de l’organisation du travail des autres!
Félicitations pour ces photos très sympas.
Raphaël
@lychar
Le format raw est en effet très utile quand on a un doute sur la lumière : quand je photographie des matchs dans des manèges en hiver, il y a des lumières mixtes néon – lumière du jour, avec des zones de terrain éclairées différemment, là le raw rend vraiment service.
Bravo pour votre organisation.
Concernant la mesure de la lumière, si vous travaillez en manuel, vérifiez vos images sur l’écran de contrôle avec l’histogramme qui lui est le véritable juge de paix de la bonne exposition de votre image.Pensez-aussi au mode qui affiche les hautes lumières brulées.
Bonne remarque, Max. J’avais oublié de le préciser, c’est effectivement la bonne méthode.
interessant !
je vous engage a regarder les photos faites a buenos aires sur le meme theme
cordialement
Très réussies ! J’y serais bien allé faire un tour…