Philippe Durand | NYT nov 22,2010 | iPhone + Hipstamatic

Je reviens de quelques jours à New York, et hier lundi, alors que j’attendais le métro pour l’aéroport, mon Å“il est attiré par un bloc de 4 photos à la une du New York Times, dans des tonalités inhabituelles, mais que je connais bien. Aucun doute : les photos sont prises non seulement avec un iPhone, mais en utilisant l’application Hipstamatic, qui bidouille les images à la prise de vues façon toy camera. Et il s’agit d’un sujet on ne peut plus sérieux : un reportage de guerre en Afghanistan. Et c’est la une du New York Times.

On commençait à voir dans la presse (entres autres dans Le Monde Magazine, si ma mémoire est bonne) des photos prises avec l’iPhone depuis la sortie du dernier modèle qui permet enfin de faire des photos correctes (5M de pixels), mais cette Une du NYT marque sans aucun doute une étape dans l’histoire du photojournalisme. L’important n’est plus la maîtrise de la technique en soi — tout le monde peut prendre aujourd’hui une photo de qualité professionnelle — mais le choix de la bonne technique dans le bon contexte, pour servir un regard. La vogue des petites applications comme Hipstamatic a mis très à la mode ce style faussement analogique, entre sténopé et Holga, qui marque fortement les images. On voit aujourd’hui qu’elle peut être utilisée aussi bien dans les cours de récré qu’à la Une du Times.

Le photographe du New York Times, Damon Winter, a jugé que son iPhone était un moyen efficace de capturer le quotidien d’un bataillon de l’infanterie dans les montagnes afghanes. « Composer une photo avec un iPhone est plus désinvolte et moins calculé « , précise l’auteur dans le blog des photographes du NYT. « Et les soldats se prennent souvent en photo avec leur téléphone, ils étaient plus à l’aise que si j’avais eu mon appareil classique. » Et il utilisait simultanément son Canon EOS 5D Mark II pour faire de la vidéo. Times, they are a-changin’, comme disait Bob.

Voir les photos du reportage sur le site du NYT